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14 octobre 2012

Le vase où meurt cette verveine, de Frédérique Martin

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Magnifique roman épistolaire découvert chez Gambadou, qui nous plonge dans les sentiments humains des plus subtils aux plus exacerbés, jusqu'à l'effroi.
Il démarre tout en tendresse pour nous retranscrire la peine de deux époux septuagénaires, séparés par la maladie de la vieillie dame.

Leurs mots d'amour charmants subliment leur engagement mutuel, la force des sentiments qui les lient par delà les années. Ils témoignent de leur bonheur à partager l'un près de l'autre, les choses simples de la vie.

"On dit qu'ici, l'été sera brûlant, et déjà j'étouffe dans cette maison. Je regrette d'autant plus la fraîcheur qui régnait chez nous. Tu prenais soin d'ouvrir au petit matin et de clore les volets sur l'agressivité du soleil. Quelle belle lumière, la pénombre d'un plein été ! Il s'y installe une douceur presque molle, où les sons révèlent leur face secrète. L'eau suinte, le silence bourdonne, le verre siffle sous mes doigts. Les vieilles pierres nous protégeaient, dressées depuis le siècle précédent dans une lutte noble contre l'usure. Dehors on brûlait comme au bûcher, dedans nos respirations s'accordaient. Le bonheur est un baume, nous avons eu raison d'en abuser."

Puis le ton évolue très progressivement, et l'on découvre ce qui se joue sous cette séparation : comment les enfants ont choisi pour leurs parents, de les héberger, l'un prenant en charge le père, l'autre la mère.
La douceur et la mélancolie du début laissent alors place à la révolte, la colère... jusqu'à la sidération.

L'ensemble est toujours empreint d'une grande poésie, qui n'élude en rien l'apreté des tourments humains.

"et je pressens que vouloir comprendre à tout prix est un des trois boucliers, avec la haine et le pardon, dont on s'empare pour résister aux atrocités sans se dissoudre dans le néant."

Un texte original, subtilement écrit par une auteure toulousaine de grand talent, qui sait faire coexister la plus grande douceur avec la violence la plus indicible.

 

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