Le livre des Nuits, de Sylvie Germain
J'étais plongée dans ce livre quand j'ai vu que Véro déposait un billet au sujet de l'Inaperçu de la même auteure.
Je mesure combien le style, tout en restant onirique, voir fantastique, a pu évoluer.
J'avoue sincèrement, moi qui aime Sylvie Germain, que si je l'avais découverte par ce premeir roman, je n'aurais peut-être pas eu la force de pousser ma curiosité.
Car ce texte est dense, violent, plongeant au coeur de la nuit des hommes : la guerre, la folie, la dévastation...
D'autres romans abordaient des thèmes âpres et durs, comme l'inceste, dans l'Enfant Méduse, mais toujours avec une luminosité qui tirait le lecteur vers l'espérance, la résilience.
Ici, la lueur d'un frêle bonheur est vite éteinte par la succession des malheurs et des douleurs.
Il s'agit du récit de vie de Victor-Flandrin Péniel, né d'une tragédie familiale et historique, à l'aube du 20ème siècle. Son destin et sa nombreuse descendance, toujours gémellaire, seront martelés par les guerres mondiales et les drames intimes.
Malgré tout, c'est beau, d'une beauté douloureuse. Sylvie Germain met déjà dans ce premier texte son empreinte si singulière : le tissage des mots et des images d'un grand lyrisme, le tout dans une fluidité magique.
Il faut juste être préparé à rentrer dans un récit particulièrement bouleversant...
Ceux qui ne connaissent pas l'auteure, allez peut-être vers d'autres titres avant d'essayer celui-ci : Magnus a été pour moi une révélation, Tobbie des Marais... Son univers mérite vraiment d'être lu.