Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine De Vigan
A priori, je ne suis pas attirée par les récits autobiographiques, qui plus est basés sur des évènements aussi dramatiques.
L'auteur entreprend la biographie de sa maman, travail de deuil au lendemain de sa mort, alors qu'elle n'était pas encore devenue une vieille dame. Elle revient sur son enfance, la fratrie nombreuse, et les prémisses de ce qui deviendra son fardeau.
Mais j'avais adoré No et moi, et mon chéri me l'a offert...
A aucun moment je n'ai eu le sentiment d'être forcée au voyeurisme. Tout est pudique dans ce texte, et apporte une dimension universelle au drame intime qui se joue : celui de la souffrance psychique, de ses méandres, de son impact sur les proches, les enfants.
Le texte dépasse le récit du combat quotidien contre le désespoir et la folie. Il porte aussi le regard sur l'écrivain, sur l'acte d'écrire, son pouvoir de catalyse, et son potentiel destructeur. Delphine De Vigan se livre à un exercice de haute voltige, tout en finesse, sans jamais quitter le fil de la dignité et de la sobriété. Les sourires ne sont jamais loin des larmes, comme dans les peintures de Pierre Soulages, où la clarté émane du noir.
Un beau texte qui m'a rappelé la démarche de tombeau présentée par Sylvie Germain, avec son texte, Le monde sans vous, et relatée ici.
C'est là ma première lecture de la rentrée littéraire, et je ne la regrette pas.